Lorsqu’au
hasard d’un carnet de voyage publié sur internet je constate que le narrateur
consacre une grande partie de son récit à raconter son arrivée à l’aéroport, à
décrire l’enregistrement de ses bagages, à commenter le contenu du plateau repas servi dans l’avion, à
relater son aller retour aux toilettes, à narrer ce qu’il observe par le hublot
rayé ou encore à retracer le passage en
douane à l’arrivée, j’ai plutôt tendance à changer de lecture pour chiner des
aventures plus excitantes.
Cela dit,
notre retour fut plus épique que la moyenne promise par les compagnies aériennes
et mérite d’être ici rapporté, tout en sachant que si d’avance tu penses
t’ennuyer, rien ne t’oblige à lire la suite.
LA
compagnie : ALITALIA
Le vol :
Le Caire/Lyon
L’escale : Milan
Quelques
minutes avant l’atterrissage sur le tarmac milanais et en apercevant scintiller
dans la nuit les mille feux de la capitale de Lombardie, je suggère à
Stéphanie, sur le ton de la
plaisanterie, de prolonger l’escale en Italie (supposée durer 45 minutes) pour
aller s’offrir une petite visite nocturne de la ville, découvrir sa magnifique
cathédrale, se payer un petit resto spaghetti, aller boire un cappuccino au
Giovanni café…..
C’est en
arrivant à la porte B25 que nous prenons conscience que ma petite prédiction n’est pas loin de se réaliser (après
quelques longues secondes d’incrédulité à nous regarder mutuellement et à
vérifier quinze fois de suite les numéros et horaires inscrits sur nos
billets). Il faut bien le reconnaître et ni nos cris ni nos pleurs, ni nos
hurlements de douleur ne le feront revenir, l’avion de Lyon, celui avec au
moins deux sièges vides à son bord, vient de décoller.
Je commence à
chercher des yeux, un petit coin sympa, une banquette abandonnée, un
renfoncement sous un escalier qui puisse nous servir de lieu de campement pour
la nuit tandis que Stéphanie s’adresse à una senora blasée, incompatible avec
notre problème qui nous envoie vers una otra senora tout aussi indifférente qui
nous indique toutefois un guichet loin tout là-bas où nous accueille tièdement
una otra senora qui rassure Stéphanie en lui promettant un vol pour demain
matin 9 h et une nuit d’hôtel aux frais de la compagnie dans de beaux draps propres tandis que j’essaie de
joindre au téléphone Jacques Chirac et Zinédine Zidane pour qu’ils nous
viennent en assistance de toute urgence et plus vite que ça ! (Ça c’est de
la phrase que t’es pas obligé de lire toute à la suite sans respirer)
A l’étage en
dessous una otra sénora aimable comme une porte d’aéroport nous demande de
patienter dix minutes en attendant le taxi. Une heure plus tard un bus se pointe et nous
embarque, ainsi que vingt deux autres
malchanceux qui ne recommanderont plus jamais Alitalia à leur entourage.
Quelques minutes plus tard nous arrivons au
Crowne plaza, un petit hôtel tout simple et modeste comme il est décrit
ici :
"Le Crowne Plaza Milan Malpensa, aux standards
de haute qualité, a été conçu dans une atmosphère contemporaine idéale pour les
affaires ou séjours personnels. Les 135 chambres Standards et Supérieures ont
toutes été conçues avec une attention particulière et sont équipés des
dernières technologies parmi lesquelles : Climatisation contrôlée
individuellement, fenêtres insonorisées, connexion Internet haut débit sans fil
ou via câble, TV satellite, chaînes à paiement, bureau de travail et prises
doubles pour le modem et/ou connexion pour fax. Le Restaurant ´La Brughiera´
propose un menu inspiré de la cuisine méditerranéenne ainsi qu’un vaste choix
de vins. Le bar ´I Celti´, avec sa musique live et sa grande variété de snacks
et autres options saines qui en font le lieu parfait pour faire affaire ou tout
simplement apprécier de précieux moments de relaxation. Le centre de santé et
de sport propose tout un circuit sportif équipé de matériel cardio-vasculaires,
sauna et bains turcs. Le Crowne Plaza Milan Malpensa propose un centre de
conférence comprenant 8 salles meeting pouvant aller jusqu’à 140 personnes avec
une installation de type théâtre, une salle de conférence exécutive (à table
unique) et un salon d´affaires équipé de photocopieuses, fax et ordinateurs
parfaitement appropriés pour des petites réunions. L´hôtel offre également une
navette gratuite de/pour l´aéroport (partant du Terminal 1) de 06h00 à 22h45
sans réservation préalable. Un grand parking gratuit est aussi disponible et
patati et patata…."
Néanmoins
nous ne profitons pas de tous ces avantages en sachant que dans la liste ci
dessus ont été omis : le sèche cheveux, le fer à repasser, le bain
moussant et le peignoir confortable, j’allais aussi oublier le mini bar avec de
quoi se prendre une bonne cuite, mais ça ce n’est pas compris dans le prix.
Rien à dire
sur le repas du soir qui dépassait largement le resto spaghetti de mes
fantasmes et rien à rajouter non plus sur le petit déjeuner qui nous offre
l’opportunité de remplir nos poches avec des petits cakes et autres
gourmandises pour la suite du voyage (enfin pas moi, mais c’est Steph qui à eu
cette idée).
En
chemin
pour l’aéroport, j’émets une nouvelle fois sur le ton de la
plaisanterie, une
hypothèse totalement loufoque qui n’est pas pour rassurer Stéphanie et
qui concerne un éventuel risque que l'avion reste scotché au sol en
raison de la météo. En effet,
le brouillard à profité de la nuit pour s’installer confortablement
dans la
région et bien que sa densité soit classée 8/10 sur l’échelle de
Désiréless, je
ne pense pas sérieusement une seconde que cette purée de pois puisse
empêcher un seul avion
de décoller. ( Du moins pas le notre)
Après deux
bonnes heures d’attente face à notre porte d’embarquement, je vois soudainement
la destination de Lyon s’effacer puis celle d’Helsinki la remplacer. Sur le
tableau des départs, le mot tant redouté s’affiche en rouge sur la même ligne
que celle de Lyon.
LYON Vol 943.....................................ANNULE
Encore une fois ma prédiction s'avère juste et l'avion plus que scotché restera carrément cloué au sol.
Branle bas de
combat dans nos esprits, les dents commencent à se crisper et les muscles à se
tendre. Cette fois ci je t’épargne les détails, toutes ces connasses de sénora
(sauf une très patiente) nos bagages à récupérer, une file d’attente
interminable avec des italiens sans gêne qui n’arrêtent pas de gruger pour nous
passer devant, les vols annulés qui s’ajoutent au notre (près d’une vingtaine
dans la matinée), les espoirs, les appels à Jacques Chirac, les faux espoirs,
Zinédine Zidane qui répond pas, les gâteaux de l’hôtel qu’on retrouve dans nos
poches et qui nous réconfortent, l’énervement,
le brouillard qui ne va pas voir ailleurs si j'y suis, la fatigue,
l’idée d’une seconde nuit au Crowne Plaza (Chouette!!)….
La seule
solution que l’on finit par nous proposer (nous sommes prioritaires en raison
de l’avion raté hier au soir) c’est un
vol pour Rome et si tout va bien, de Rome nous pourrons décoller pour rejoindre
Lyon dans la soirée.
Et bien
croyez le ou non, mais nous avons fini par arriver à Lyon !
Et
encore, tu l'as échappé belle, j'ai oublié de te parler de Ginette, une
française perdue qui sans nous serait peut être encore à Milan et qui
grâce à nous à échappé à une procédure de divorce (Steph obligée de
jurer à son mari que nous étions bien coincés dans un aéroport et que
sa femme n'était pas en retard à cause d'un bel amant italien)